PER ou assurance-vie : lequel choisir ?
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- Le PER et l’assurance-vie sont deux enveloppes fiscales qui permettent d’effectuer des placements sur des fonds euros et des fonds en unités de compte.
- Le PER permet d’obtenir des avantages fiscaux au moment des versements sur le contrat, dans la limite de certains montants. Par contre, le capital et les intérêts cumulés sont taxés à la sortie.
- L’assurance-vie propose elle des avantages fiscaux à la sortie sur les gains réalisés. Le capital n’est pas imposé.
- Le PER est surtout intéressant pour les personnes ayant des revenus élevés et avec une tranche marginale d’imposition supérieure ou égale à 30%. L’assurance-vie propose les mêmes avantages pour tous.
- Le PER et l’assurance-vie ne sont pas opposés, mais plutôt complémentaires.
PER et assurance-vie : quelles sont leurs principales caractéristiques ?
On se pose souvent la question de savoir qu’est-ce qui différencie l’assurance-vie et le PER. Il est vrai que ces deux placements sont des enveloppes fiscales qui permettent d’effectuer les mêmes types d’investissements. Quelles sont les caractéristiques principales de chacun ?
L’assurance-vie : un placement flexible et diversifié
L’assurance-vie est le placement tout terrain par excellence. Ces nombreux avantages lui permettent de suivre l’épargnant tout au long de sa vie, et de mettre en place une stratégie d’épargne efficace et diversifiée :
- Large gamme de supports d’investissement : fonds euros, fonds en unités de compte avec une grande variété de classes d’actifs (actions, ETF, obligations, immobilier, etc).
- Flexibilité : un des grands avantages de l’assurance-vie est sa flexibilité. L’allocation d’actif n’est jamais figée et à tout moment des arbitrages peuvent être effectués. Cela permet une gestion à horizon, avec une répartition de la part d’actifs risqués et d’actifs sécurisés évolutive en fonction de l’approche ou non de la sortie du contrat.
- Liquidité : sur un contrat d’assurance-vie, les fonds ne sont jamais bloqués. Il est possible de faire à tout moment des rachats partiels ou même un rachat total.
- Fiscalité avantageuse : l’assurance-vie offre une réduction d’imposition sur les gains réalisés. À cela s'ajoute un abattement fiscal annuel de 4.600€ par personne à la sortie. Seule condition : le contrat doit avoir plus de 8 ans.
- Succession : l’assurance-vie permet de transmettre jusqu’à 152.500€ par bénéficiaire sans droits de succession si les versements ont été effectués avant les 70 ans du souscripteur, et 30.500€ tous bénéficiaires confondus pour les fonds versés après 70 ans.
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Le PER : champion de l’épargne retraite
Le PER (plan épargne retraite) est, comme son l’indique, un placement dédié à la retraite. Il existe différents types de PER : collectif ou individuel, assurance ou compte-titres. Nous parlerons dans cet article du PER assurance individuel, qui se rapproche le plus d’un contrat d’assurance-vie. Proche de l’assurance-vie sur de nombreux points, le PER comporte toutefois un fonctionnement qui lui est propre :
- Placement dédié à l’épargne retraite : la sortie du PER se fait au moment de la retraite du souscripteur, sauf cas dérogatoire (achat de la résidence principale, invalidité, surendettement, décès du conjoint, etc.)
- Supports d’investissement : fonds euros et en unités de compte, avec de nombreuses classes d’actifs proposées (actions, ETF, obligations, immobilier, etc.)
- Avantages fiscaux sur les versements : contrairement à l’assurance-vie, les avantages fiscaux sont accordés à l’entrée (sous certaines conditions). Les versements peuvent en effet être déduits chaque année (dans certaines limites) de ton revenu imposable.
- Succession : en cas de décès, les fonds sont versés au bénéficiaire du contrat dans des conditions proches de celles de l’assurance-vie. Cependant, le souscripteur doit décéder avant 70 ans pour que ses héritiers bénéficient des conditions les plus favorables.
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PER ou assurance-vie : quels sont leurs points communs et leurs différences ?
Pour aller plus loin dans la comparaison entre PER et assurance-vie, faisons un tour d’horizon de leurs principaux points communs et différences.
Tableau comparatif des principales caractéristiques du PER et de l’assurance-vie
Assurance-vie | PER | |
---|---|---|
Supports d’investissement | Fonds euros et fonds en unités de compte = | Fonds euros et fonds en unités de compte = |
Frais de gestion | Entre 0,5% et 0,7% en moyenne = | Entre 0,5% et 0,7% en moyenne = |
Versements | Pas d’avantage fiscal - | Versements déductibles du revenu imposable dans une certaine limite + |
Liquidité | Fonds disponibles à tout moment Sortie partielle, totale ou en rente + | Fonds bloqués jusqu’à la retraite, sauf motifs exceptionnels. Sortie en capital ou en rente Pas de rachats partiels possibles (versement en plusieurs fois possible) - |
Sortie du contrat | Avantage fiscal sur les gains réalisés + | Pas d’avantage fiscal sur les gains réalisés (si les versements ont été déduits à l’entrée, ils seront taxés à la sortie) - |
Transmission | Possibilité de transmettre jusqu’à 152.500€ par bénéficiaire si les versements ont eu lieu avant 70 ans ++ | Les règles de l’assurance-vie s’appliquent (transmission de 152.500€ par bénéficiaire hors droits de succession), mais uniquement si le décès intervient avant 70 ans. + |
Les points communs de l’assurance-vie et du PER assurance
L’assurance-vie et le PER présentent plusieurs similitudes.
- Le type de contrat : contrat d’assurance géré par un assureur et commercialisé par un distributeur. La gestion peut être libre ou pilotée. Dans le cadre du PER, elle est plus souvent pilotée.
- Les supports d’investissement : les investissements proposés sur l’assurance-vie et le PER sont quasiment identiques (fonds euros et fonds en unités de compte, avec de nombreuses classes d’actifs différentes). Chez certains assureurs, c’est exactement le même contrat qui est proposé avec les mêmes possibilités d’investissement. PER comme assurance-vie permettent de mettre en place une stratégie de gestion de portefeuille diversifiée, avec une partie sécurisée et une partie consacrée à la performance.
- Les frais : PER et assurance-vie ont le même type de fonctionnement. Les possibilités de gestion sont identiques, donc logiquement ils ont des niveaux de frais similaires.
Les différences entre le PER et l’assurance-vie
Même si le PER et l’assurance-vie sont des produits proches, leurs fonctionnements sont très différents. Plutôt que de les opposer, il est intéressant de comprendre le fonctionnement de chacun pour les optimiser. Les différences majeures entre les deux produits portent essentiellement sur la fiscalité. En effet, les avantages fiscaux sur les versements, l’imposition à la sortie du contrat, ainsi que les conditions en matière de succession sont différents. Nous revenons plus en détail sur ces points dans la suite de l’article.
PER ou assurance-vie : des avantages fiscaux différents mais complémentaires
L’assurance-vie et le PER proposent tous les deux des avantages fiscaux. Cependant, ces avantages ne sont pas du même ordre. Pour résumer, on peut dire que le PER offre des avantages fiscaux à l’entrée, et l’assurance-vie à la sortie.
Tout va donc dépendre de la situation dans laquelle tu te trouves, et également de la situation dans laquelle tu seras au moment de la sortie de tes fonds. L’idéal est d’utiliser au mieux les deux placements pour optimiser les avantages fiscaux de l’un et de l’autre.
La fiscalité à l’entrée : avantage au PER
Concernant le PER, l’avantage fiscal est accordé à l’entrée sur les versements. Celui-ci consiste en une réduction du revenu imposable (ce n’est pas un crédit d’impôt). Les avantages fiscaux sont accordés à tous, mais ils ne vont pas forcément être intéressants pour toutes les personnes. Pour résumer, plus ton salaire est important et plus ta tranche marginale d’imposition est élevée, et plus l’avantage fiscal est élevé. On t’explique pourquoi.
Montant maximum de déduction des versements PER
Le montant de versements que tu peux déduire de ton revenu fiscal est proportionnel à ton revenu professionnel. Donc, plus ton salaire est élevé, plus la déduction possible est importante. Cependant, le montant de la déduction est limité par l’administration fiscale selon certains plafonds.
Salarié | Travailleur indépendant | |
---|---|---|
Montant de la déduction pour 2022 | 10 % des revenus professionnels de 2021, avec une déduction maximale de 32.909€ ou 4.114€ Le montant le plus avantageux est retenu | 10 % des bénéfices imposables de 2021, dans la limite de 329 088 € + 15% du bénéfice imposable compris entre 41 136 € et 329 088 € ou 4.114 €+15% du bénéfice imposable compris entre 41.136 € et 329.088 €. Le montant le plus avantageux est retenu |
Prenons deux exemples :
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Dans ton cas, il est plus intéressant de choisir le montant de déduction forfaitaire de 4.114€. Pour optimiser tes versements tu peux donc verser 4.114€ et faire passer ton revenu imposable de 25.000€ à 20.886€ (=25.000-4.114)
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Ce montant est plus intéressant que 4.114€ et entre dans le plafond des 32.909€. C’est donc le montant d’investissement sur ton PER que tu pourras déduire de tes impôts. Ton revenu imposable passe ici de 100.000€ à 90.000€ (100.000 - 10.000).
L’impact de la tranche marginale d’imposition sur les avantages fiscaux du PER
Nous venons de le voir, plus ton salaire est important, plus tu peux déduire un montant élevé de ton revenu imposable. Cet avantage va encore plus loin. En effet, plus ton salaire est élevé et plus ta tranche marginale d’imposition l’est également. En conséquence, ton gain fiscal est d'autant plus important. Il y a un effet d’amplification de l’avantage fiscal en même temps que les revenus augmentent. Reprenons nos deux exemples précédents pour clarifier ce point :
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Tu es dans la tranche marginale d’imposition de 11% (applicable aux revenus entre 10.226€ et 26.070€ en 2021). Si tu déduis les versements, ton revenu imposable va passer de 25.000€ à 20.886€ (= 25.000€ - 4.114€). Cela te permet donc de réaliser une économie d’impôt de 4.114€ * 11% = 452€
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Tu es dans la tranche marginale d’imposition de 41% (applicable aux revenus entre 74.546€ et 160.336€ en 2021). Si tu déduis les versements, ton revenu imposable va passer de 100.000€ à 95.886€ (=100.000€ - 4.114€). Cela te permet de donc réaliser une économie d’impôt de 4.114€ * 41% = 1.687€
Nous avons pris volontairement les mêmes montants d’investissement dans les deux cas, à des fins de comparaison. À versement égal sur le PER, le contribuable avec la TMI la plus élevée bénéficiera d’un avantage fiscal supérieur. On voit très bien ici que plus la tranche marginale d’imposition est élevée, et plus le gain fiscal est important.
De plus, comme nous l’avons dit avant, plus le salaire est élevé, plus le montant des déductions possibles est important.
Si nous reprenons le 2ème exemple, l’épargnant qui gagne 100.000€/an peut déduire de ses impôts jusqu’à 10.000€ de versements sur son PER (100.000€ * 10%).
Cela équivaut à une économie d’impôt maximale de 10.000€ * 41% = 4.100€.
La personne avec des revenus de 25.000€ ne pourra elle qu’appliquer le montant forfaitaire de déduction, soit 4.114€. Son avantage fiscal maximum sera donc de 4.114€ * 11% = 452€
Si on regarde l’avantage fiscal maximum, il y a donc un rapport de 1 à 10 entre la personne déclarant 100.000€ de revenus et celle déclarant 25.000€, pour un rapport de salaire de 1 à 4.
C’est la combinaison du salaire élevé (qui autorise des montants de déduction supérieurs) et de la tranche marginale élevée qui permet l’amplification de l’avantage fiscal.
Les avantages fiscaux du PER sur les versements : le levier fiscal
Cette aide fiscale accordée sur les versements, même si elle diffère en montant selon les contribuables, est une véritable aubaine pour les épargnants. En effet, elle permet de bénéficier d’un levier fiscal.
Plus simplement, tu amplifies l’effet de ton épargne grâce à du capital prêté par le fisc. En fait, c’est comme si l’administration fiscale te faisait un prêt (à taux zéro) que tu remboursais au moment de la sortie.
Cet argent prêté (donné sous forme d’une réduction d’impôt) a pu fructifier pendant toute la durée du contrat et produire des intérêts. À la sortie du PER, tu redonnes l’équivalent de l’avantage fiscal accordé à l’entrée (car le capital est taxé à la sortie) et tu gardes les intérêts pour toi.
Tu as donc généré un gain avec du capital prêté, c’est ce qu’on appelle un levier. Pour que ce calcul soit gagnant, il faut donc que ta TMI au moment des versements soit plus importante que ta TMI au moment de la sortie du contrat (ou tout du moins équivalente).
Si elle est inférieure, il n’est pas sûr que les intérêts générés par le levier fiscal soient suffisants pour couvrir la différence d’imposition à la sortie.
Le calcul est généralement gagnant pour l’épargnant, particulièrement pour les personnes fortement imposées (à des tranches supérieures ou égales à 30%)
Versements à l’entrée sur l’assurance-vie et le PER : conclusion
Côté assurance-vie, toute cette mécanique n’existe pas. Il n’y a aucun avantage accordé lors des versements sur le contrat. À ce niveau, le PER est donc plus intéressant que l’assurance-vie.
Au moment des versements, il peut être judicieux de calculer précisément le montant à verser sur son PER pour optimiser le gain fiscal. Le reste de l’épargne disponible pourra être déposé sur un contrat d’assurance-vie.
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La fiscalité à la sortie : avantage à l’assurance-vie
Regardons maintenant ce qu’il se passe à la sortie de l’assurance-vie et du PER. Une fois encore, la fiscalité appliquée est différente.
La fiscalité de l’assurance-vie
Pour l’assurance-vie, c’est assez simple. Les avantages fiscaux sont accordés à tous au moment du rachat (partiel ou total) sous réserve de respecter les conditions (le contrat doit être ouvert depuis 8 ans au minimum).
Aucune limitation en fonction des revenus ou d’autres contraintes ne sont appliquées. La fiscalité est prélevée au moment de la sortie des fonds, et uniquement sur les gains. Le capital n’est pas soumis à imposition.
Montant des versements | Imposition | Abattement |
---|---|---|
Versements <150.000€ | PFU de 24,7% (7,5% de prélèvements forfaitaires + 17,2% de prélèvements sociaux) | Abattement annuel d’imposition sur les rachats de 4.600€ pour une personne célibataire, veuve ou divorcée et 9.200€ pour un couple. Les prélèvements sociaux restent dus. |
Versements >150.000€ | PFU de 30% (12,8% de prélèvements forfaitaires + 17,2% de prélèvements sociaux) | Abattement annuel d’imposition sur les rachats de 4.600€ pour une personne célibataire, veuve ou divorcée et 9.200€ pour un couple. Les prélèvements sociaux restent dus. |
Si tu souhaites avoir tous les détails de l’imposition de l’assurance-vie, nous avons consacré un article à sa fiscalité.
La fiscalité à la sortie du PER
Côté PER, contrairement à l’assurance-vie, le capital et les intérêts sont imposés à la sortie.
Quelles sont les conditions fiscales appliquées au moment de la sortie du PER ?
Partie du PER concernée | Imposition à la sortie |
---|---|
Capital | Impôt sur le revenu à la TMI |
Gains (plus-values, dividendes et intérêts) | Flat tax 30% ou IR+ prélèvements sociaux de 17,2% |
Comme nous l’avons vu précédemment, tout l’intérêt du PER va dépendre de ta situation au moment des versements et au moment de la sortie du contrat.
- Si à la sortie, ta tranche marginale d’imposition est supérieure à celle d’entrée, alors il y a de grandes chances que ce ne soit pas intéressant (sauf à avoir eu un rendement très élevé sur ton contrat).
- Si au contraire à la sortie, ta TMI est inférieure ou égale à ta TMI d’entrée, alors ton placement est intéressant.
Différence TMI entrée/sortie | Intérêt |
---|---|
TMI sortie < ou égale TMI entrée | L’investissement sur le PER est intéressant |
TMI sortie > TMI entrée | L’investissement sur le PER a peu de chances d’être intéressant |
Exemple :
Tu as versé 4.114€ sur ton PER. Tu étais imposé au moment du versement à 11%, tu as donc obtenu un gain d’imposition de 4.114€ * 11% = 452€.
À la sortie, tu es retraité, tes revenus ont baissé et tu es imposé à une TMI de 0%. Tu vas devoir payer sur ton versement initial 4.114€ * 0% = 0€
Dans cet exemple tu es bénéficiaire de 452€, sans compter les gains qui ont été générés pendant la durée du contrat. Plus ta TMI est importante et plus la différence entre celle à l’entrée et celle à la sortie l’est, plus cet effet sera prononcé (par exemple si tu passes de 41% à 30% ou de 30% à 11%).
Fiscalité à la sortie sur l’assurance-vie et le PER : conclusion
Si on regarde uniquement les conditions à la sortie du contrat, l’assurance-vie est plus intéressante. En effet l’assurance-vie procure un avantage fiscal et le PER non.
Cependant, nous l’avons démontré, dans certains cas, même avec l’imposition à la sortie, l’investissement sur le PER peut être intéressant. Mais ce n’est pas parce qu’il est intéressant dans l’absolu qu’il faut le privilégier à l’assurance-vie.
En effet, comme nous l’avons déjà dit, le PER est pertinent pour certaines catégories de personnes, et dans des montants limités. L’assurance-vie ne présente aucune de ces contraintes. Elle est beaucoup plus flexible et intéressante pour tous au moment de la sortie du capital.
PER ou assurance-vie : qui est finalement le plus intéressant fiscalement ?
Nous venons de le voir, le PER est généralement plus intéressant que l’assurance-vie à l’entrée alors que l’assurance-vie tire plutôt son épingle du jeu à la sortie. Difficile dans ces conditions de savoir lequel des deux est le plus intéressant fiscalement.
Tout va en fait dépendre de la situation fiscale dans laquelle tu te trouves. Si le levier fiscal du PER compense ou est plus important que l’avantage fiscal de l’assurance-vie à la sortie, alors le PER est plus intéressant au niveau fiscal.
Prenons plusieurs hypothèses pour illustrer ce point et comparer les 2 placements :
- Effort d’épargne unique : 5.000€ (sur les 2 supports)
- Durée : 20 ans
- Support : placement majoritairement investi en actions
- Rendement : en moyenne 7% par an
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Placement sur une assurance-vie
Tu n’as pas d’avantage à l’entrée. Ton effort d’épargne est donc de 5.000€ pour un placement de 5.000€.
Cette somme placée sur 20 ans à 7%, la valeur de ton contrat sera de 19.348€ (14.348€ d’intérêts et 5.000€ de capital).
Tu es fiscalisé sur les gains réalisés au PFU de 24,7% (17,2% de prélèvements sociaux + taux d’imposition réduit de 7,5%) : 14.348€ * 24,7% = 3.544€ d’impôt à payer.
Ton gain net est donc de 10.804€ pour un effort d’épargne de 5.000€ (= 14.348€ - 3.544€)
Placement sur un PER
Nous avons pris plusieurs scénarios pour illustrer l'impact qu'à ta situation fiscale sur l'intérêt du PER.
Cas 1 : ta TMI est de 30% à l’entrée et de 30% à la sortie
Pour un effort d’épargne de 5.000€, tu peux en réalité placer plus sur ton PER, à savoir 7.143€. Pourquoi ? Parce que si tu verses 7.143€ sur ton PER, tu obtiens une économie d’impôt de 7.143€ * 30% = 2.143€. Pour faire simple : pour investir 7.143€, tu ne dois mobiliser que 5.000€, les 2.143€ restant provenant du fisc, c’est ton levier fiscal.
Avec le même effort d'épargne (5.000€), tu places donc 7.143€.
Cette somme placée sur 20 ans à 7%, la valeur de ton contrat sera de 27.641€ (20.498€ d’intérêts et 7.143€ de capital).
À la sortie, tu es fiscalisé :
- sur le capital à hauteur de ta TMI de sortie, soit 30% : 7.143€ * 30% = 2.143€ (tu rembourses donc l’économie d’impôt accordée à l’entrée)
- sur les gains réalisés au PFU de 30% : 20.498€ * 30% = 6.149€
Ton gain net est donc de 12.206€ pour un effort d’épargne de 5.000€ (= 20.498€ - 2.143€ - 6.149€).
Dans ce scénario, avec le même effort d’épargne (5.000€), le résultat est plus intéressant sur le PER que sur l’assurance-vie. Le levier fiscal du PER est plus important que l’effet du taux d'imposition réduit à la sortie de l’assurance-vie.
Cas 2 : ta TMI est de 30% à l’entrée et de 11% à la sortie
En toute logique, avec une TMI de sortie inférieure, l’effet observé dans le Cas 1 est encore plus fort. Le calcul reste le même, à l’exception de l’imposition du capital à la sortie. Le taux passe de 30% à 11% : 7.143€ * 11% = 786€
Au lieu de rembourser en totalité l’économie d’impôt accordée à l’entrée (2.143€), tu ne rembourse qu’une partie à la sortie (786€).
Ton gain net est donc de 13.563€ pour un effort d’épargne de 5.000€ (= 20.498€ - 786€ - 6.149€).
Cas 3 : ta TMI est de 11% à l’entrée et de 30% à la sortie
Avec une TMI à l’entrée plus faible, l’effet du levier fiscal sera forcément moins important. D’autant plus que tu devras non seulement rembourser l’économie d’impôt accordée à l’entrée, mais payer un supplément à la sortie.
Pour un effort d’épargne de 5.000€, tu peux en réalité placer 5.618€. En versant 5.618€ sur ton PER, tu obtiens une économie d’impôt de 5.618€ * 11% = 618€. Pour investir 5.618€, tu ne dois donc mobiliser que 5.000€, les 618€ restant provenant du fisc. C’est ton levier fiscal.
Avec le même effort d'épargne (5.000€), tu places donc 5.618€.
Cette somme placée sur 20 ans à 7%, la valeur de ton contrat sera de 21.740€ (16.122€ d’intérêts et 5.618€ de capital).
À la sortie, tu es fiscalisé :
- sur le capital à hauteur de ta TMI de sortie (plus importante), soit 30% : 5.618€ * 30% = 1.685€ (tu payes donc 1067€ de plus que l’économie accordée à l’entrée)
- sur les gains réalisés au PFU de 30% : 16.122€ * 30% = 4.837€
Ton gain net est donc de 9.600€ pour un effort d’épargne de 5.000€ (= 16.122€ - 1.685€ - 4.837€).
Dans ce scénario, le même montant investi donne un résultat similaire sur le PER et l’assurance-vie. Étant donné les contraintes du PER, on donnera ici l’avantage à l'assurance-vie, plus flexible et plus prévisible.
PER ou assurance-vie : résumé des résultats
Résumé des résultats pour un effort d’épargne de 5.000€ placés sur 20 ans avec une performance moyenne de 7% par an :
Scénario | Résultat net |
---|---|
Assurance-vie | 10.804€ |
PER avec TMI d’entrée à 30% et TMI de sortie à 30% | 12.206€ |
PER avec TMI d’entrée à 30% et TMI de sortie à 11% | 13.563€ |
PER avec TMI d’entrée à 11% et TMI de sortie à 30% | 9.600€ |
PER avec TMI d’entrée à 11% et TMI de sortie à 11% | 10.667€ |
Ces quelques exemples ne sont qu’une illustration et il existe de nombreuses autres combinaisons possibles en fonction des revenus perçus et des TMI à l’entrée et à la sortie du PER. On peut toutefois tirer ces quelques conclusions :
- Avec le même effort d’épargne, le résultat net du PER et souvent supérieur à celui de l’assurance-vie
- Plus ta TMI est importante à l’entrée, plus l’effet du levier fiscal sera prononcé et compensera (voire surpassera) la fiscalité plus intéressante à la sortie de l’assurance-vie.
- Dans les cas où le résultat net des deux placements est proche (par exemple dans le cas d’une TMI de sortie supérieure), on privilégiera l’assurance-vie, plus flexible, plus prévisible et moins contraignante.
PER et assurance-vie en cas de succession : lequel est le plus avantageux ?
Attachons-nous maintenant à décrypter ce qui arrive sur le PER et l’assurance-vie en cas de décès du souscripteur.
Règles d’imposition de l’assurance-vie en cas de succession :
Versements avant 70 ans | Versements après 70 ans | |
---|---|---|
Imposition | Exonération : 152.500€ par bénéficiaire 20% : de 152.501€ à 852.500€ 31,25% au-delà | Exonération : 30.500€ tous bénéficiaires confondus Au-delà : versé à l’actif successoral |
Règles d’imposition du PER en cas de succession :
Décès avant 70 ans | Décès après 70 ans | |
---|---|---|
Imposition | Exonération : 152.500€ par bénéficiaire Au-delà : versé à l’actif successoral | Exonération : 30.500€ tous bénéficiaires confondus Au-delà : versé à l’actif successoral |
On voit bien ici que même s’il bénéficie d’avantages en matière de succession, les conditions du PER sont moins intéressantes que celles de l’assurance-vie. En effet, ce n’est pas la date des versements sur le contrat qui détermine les conditions d’octroi de l’exonération de 152.500€ par bénéficiaire, mais le décès du souscripteur avant 70 ans.
Toutefois, une fois encore, les avantages fiscaux accordés à l’entrée du PER entrent en concurrence avec les conditions fiscales à la sortie, même en cas de succession. En effet, si les fonds ont été placés pendant une longue période et ont bénéficié de l’avantage fiscal sur les versements, le calcul final peut tourner à l’avantage du PER.
Les gains supplémentaires gagnés grâce au levier fiscal permettent dans certains cas de compenser les conditions de succession moins intéressantes. Toutefois, cette hypothèse reste tout à fait aléatoire, et plusieurs critères doivent être concomitants pour y parvenir.
En cas de succession, l’assurance-vie offre les conditions les plus intéressantes. Celles-ci sont connues dès le départ et donc rassurantes pour l’épargnant qui souhaite anticiper sa succession.
Pour résumer, PER vs assurance-vie : qui gagne le match ?
Le PER ne remplace pas l’assurance-vie, et vice versa. Les deux placements sont plutôt complémentaires.
Le PER individuel est très efficace pour certaines personnes, notamment pour les contribuables avec une tranche marginale d’imposition élevée. Il permet d’actionner un levier fiscal qui peut être rémunérateur sur le long terme et compenser l’avantage fiscal d’une assurance-vie à la sortie. Comme nous l’avons vu dans les exemples, à effort d’épargne équivalent, le rendement sur un PER peut être supérieur à l’assurance-vie.
Cependant, pour bénéficier de ces avantages, il faut accepter certaines contraintes. Ainsi, le PER est un placement dédié au très long terme et à la préparation de la retraite. Même si les supports d’investissement sont aussi intéressants que sur l’assurance-vie, cela reste un placement très peu liquide. De plus, c’est un produit complexe à comprendre, avec des scénarios à comparer entre ton niveau d’imposition à l’entrée sur le contrat et celui à la sortie. Il faut vraiment comprendre son fonctionnement et optimiser les versements pour espérer en tirer un gain supérieur à l’assurance-vie.
En comparaison, l’assurance-vie propose de la souplesse et de la flexibilité, avec des avantages fiscaux à la sortie intéressants pour tous et des conditions de transmission avantageuses connues dès le départ.
En conclusion, on peut dire que le PER est à réserver à certains épargnants, et à utiliser à bon escient, en optimisant les versements pour bénéficier du levier fiscal. Une fois ceci fait, le reste de l’épargne disponible peut être placé sur un contrat d’assurance-vie.
PER et assurance-vie ne sont donc pas à opposer, mais plutôt à utiliser de façon complémentaire.
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