Obligations : Tout savoir sur les obligations
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- Une obligation est comme un prêt que l’acheteur de l’obligation accorde à son émetteur, qui peut être une entreprise ou un État.
- Les obligations paient des intérêts soit annuellement soit semestriellement.
- La maturité d’une obligation désigne la durée de ce prêt.
- La détention d’obligations n’est pas sans risque : puisqu’il s’agit d’un prêt, l’émetteur peut faire défaut.
- Le risque dépend fortement de l'émetteur : si une obligation d’État de première classe (USA, Allemagne, Suisse, etc.) est jugée solide, une obligation d’entreprise peut présenter un risque plus élevé.
- Si les obligations diffèrent fortement dans leur risque, elles diffèrent automatiquement dans leur rendement (taux d’intérêt).
- Les obligations sont souvent utilisées pour sécuriser une partie d’un portefeuille et pour contrebalancer les risques.
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- Comme pour les actions, les obligations sont négociées à la bourse via un compte-titre. Si tu n’en as pas encore, ouvre en un ! Notre comparatif courtier en ligne est fait pour t'aider à choisir la bonne offre.
- Tu peux investir en bourse : dans des obligations en direct, dans des fonds ou même des ETFs obligataires.
- Si tu souhaites investir dans des obligations en direct, familiarise-toi avec les notions de valeur nominale, coupon et maturité/échéance. Les obligations ont souvent des coupures assez importantes. Si tu veux en acheter une tu devras donc débourser une somme conséquente.
- Les fonds obligataires offre quant à eux une meilleure diversification et un accès avec moins de capital.
- Avant d’investir, vérifie toujours la solvabilité de l’émetteur à l’aide des notes établies par les agences de notation. Cette note reflète la probabilité de défaut de l'émetteur.
- La faible cotation d’une obligation indique d'éventuels problèmes de solvabilité.
Qu'est-ce qu'une obligation : définition
Une obligation est comme un prêt que l'acheteur (ou détenteur) de l'obligation accorde à l'émetteur de l'obligation. Les gouvernements ou les entreprises en émettent pour se financer, lorsqu'ils ont besoin de capitaux. Si tu achètes une obligation d’État, tu empruntes donc de l’argent à l’Etat.
Comme un prêt, une obligation paie des intérêts périodiquement et rembourse le "principal", c'est-à-dire le montant emprunté, à une date donnée, appelée échéance ou maturité. En général, plus l’échéance est longue, plus le taux est élevé.
Le terme anglais "fixed income" (revenu fixe) résume bien le produit : intérêt périodique fixe sur un capital qui sera remboursé en totalité à la fin.
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Contrairement à une action - avec laquelle tu deviens copropriétaire de l’entreprise - l’obligation fait de toi un créancier. Différence majeure : lors d’une faillite, les créanciers sont prioritaires aux actionnaires.
Comprendre le vocabulaire propre aux obligations
Le monde de l’obligation a son propre jargon que tu dois connaître avant d’investir.
Le nominal
Le nominal désigne la valeur empruntée à l’entreprise ou l’institution qui a émis l’obligation. Dans l’exemple précédent, le nominal de chacune des obligations que l’entreprise aurait émise dans ce cas est donc de 1000 euros
L’échéance ou la maturité
La maturité désigne l’horizon de remboursement du nominal. On désigne communément trois types de maturité :
- court-terme : désigne des obligations dont la maturité est de 1 à 3 ans
- moyen-terme : les maturités de ces obligations est supérieure à 10 ans
- long-terme : ces obligations arrivent généralement à échéance sur de plus longues périodes de temps. Rien ne t’empêche bien sûr de les revendres avant.
Coupon et coupon couru
Le coupon désigne l’intérêt que verse l’entreprise émettrice au détenteur de l’obligation. Il peut être fixe ou variable. Dans notre exemple le coupon était de 4% annuel d’un nominal de 1.000€, donc 40€.
Le coupon couru désigne la prime que va verser l’acheteur d’une obligation à son détenteur (si ce dernier souhaite la vendre) pour la période écoulée entre le dernier versement du coupon et la date de vente de l’obligation. Admettons qu’une obligation verse un coupon le 31/12 et que la vente se fasse le 30/12 : le détenteur de l’obligation voudra bien entendu être indemnisé pour le fait qu’il loupe le coupon. L’acquéreur le lui paiera au pro rata. En d’autres termes : pour une obligation qui verse un coupon en fin d’année, le coupon couru sera faible en début d’année et important à la fin.
Rendement / Yield
Le rendement d’une obligation t’indique combien te rapporte une obligation. Il ne doit pas être confondu avec le coupon ou le taux d’intérêt. On distingue deux façon de le calculer :
- Le rendement courant
C’est la méthode la plus simple. On met en relation le coupon et le cours de l’obligation (son prix actuel) selon la formule suivante :
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Il faut savoir que le cours d’une obligation change tous les jours, notamment en fonction des taux d’intérêts en vigueur. Le rendement est donc lui aussi susceptible de changer.
Si tu ne vends pas l’obligation ou que tu la vends à un prix proche du nominal, avec notre exemple cela donne : 40/1000 = 4%.
En revanche si tu la revends à un prix différent du nominal, le rendement s’ajuste, soit vers le bas si le prix augmente, soit vers le haut si le prix diminue. Si dans notre exemple le prix passe à 1400€ le rendement, lui, passe à 2,86% (= 40/1400).
- Le rendement à l’échéance (ou taux actuariel / Yield to maturity en anglais)
C’est une mesure plus précise, utilisée par les professionnels du marché obligataire, qui repose sur un calcul plus complexe. Ce calcul prend en compte : le taux d’intérêt, le cours de l’obligation, la durée à échéance ainsi que le réinvestissement du coupon.
Coupure
Les obligations peuvent être achetées par coupure. La coupure est le plus petit montant permettant d’acquérir une obligation. Par exemple, si une obligation est proposée en coupures de 1.000€ tu ne pourras pas en acheter pour 500€.
Duration
À ne pas confondre avec la maturité. La duration correspond à la durée de vie moyenne des flux actualisés de l'obligation. Derrière cette phrase d’apparence complexe se cache une logique plutôt simple. On t’explique.
Lorsque les taux (de marché) montent, les valorisations des obligations tendent à baisser (et vice-versa). Pourquoi ? Si les taux montent, cela veut dire qu’une même obligation émise aujourd’hui, offrirait un meilleur taux, qu’une même obligation émise hier. L’ancienne obligation baisse donc en valeur.
Ce risque de perte de valeur est bien sûr plus important, plus l’échéance d’une obligation est lointaine (probabilité d’une hausse des taux plus importante sur 20 ans que sur 5) et plus l’immobilisation du capital est importante. Une obligation qui verse régulièrement un coupon fait progressivement baisser le capital immobilisé. L’indicateur qui traduit cette logique est appelé duration. Plus l’échéance est proche et plus le coupon est élevé, moins l’obligation sera exposée au risque de changement de taux et plus la duration sera réduite. Pour une obligation à coupon, la duration est généralement inférieure à la maturité. Pour une obligation zéro-coupon, la duration est égale à la maturité, car aucun versement est effectué avant l’échéance.
Cette indicateur permet de représenter la sensibilité d’une obligation aux taux d’intérêt (moins la duration est élevée, moins l’obligation est sensible) et surtout de comparer des obligations dont les durées échéances, les coupons et les périodicités d'amortissement ne sont pas équivalents.
Qu’est ce qui détermine le prix d’une obligation ?
Les obligations sont des titres cotés et négociés à la bourse. Elles ont donc un cours qui change tous les jours. Les principaux facteurs qui influent sur le cours d’une obligation sont :
- L’évolution des taux de marché
- La solvabilité de l’émetteur
La solvabilité de l'émetteur correspond à sa probabilité de faire défaut, donc de ne pas pouvoir rembourser son emprunt. Le raisonnement est donc assez simple : si les investisseurs ont un doute sur la capacité de remboursement de l’entreprise (ou de l’État), le cours de l’obligation va baisser.
Concernant l’impact des taux de marché sur le cours d’une obligation, le raisonnement est un peu plus complexe.
Explication :
Lorsque les taux d'intérêt en vigueur baissent, les obligations plus anciennes gagnent de la valeur. Pourquoi ? parce qu’elles ont été émises dans un contexte de taux d'intérêt plus élevés, donc avec des coupons plus élevés. Les investisseurs détenant des obligations plus anciennes demandent alors une "prime" pour les vendre sur le marché. Au contraire, si les taux d'intérêt augmentent, les obligations plus anciennes peuvent perdre de leur valeur parce que leurs coupons sont relativement faibles. Les obligations plus anciennes se négocient donc avec une "décote".
Comment comprendre la cote d’une obligation ?
Sur le marché, le prix des obligations est exprimé en pourcentage de la valeur nominale de l'obligation. Si le prix est égal au nominal on dit que l’obligation s’échange "au pair" si le prix est inférieur elle s’échange "en dessous du pair" et si le prix est supérieur elle s’échange "au-dessus du pair".
Un exemple pour illustrer :
Nominal (€) | Cote | Prix sur le marché (€) | L’obligation s’échange… |
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1000 | 100% | 1000 | au pair |
1000 | 102% | 1020 | au dessus du pair |
1000 | 99% | 990 | en dessous du pair |
Quels sont les risques liés à une obligation ?
En lisant cet article, tu as probablement déjà repéré quelques risques liés aux obligations, voici un résumé.
Nature du risque | Description |
---|---|
Taux d’intérêt bas et sécurité vs. Taux d’intérêt élevé et risque | Une obligation bien notée, qui promet donc la sécurité, ne dégagent presque pas de rendement, ou pire encore, elle offre un taux d’intérêt négatif. On est donc très vite tenté d’aller voir les obligations à rendements plus intéressants. Attention cependant : les obligations d’États ou d’entreprises qui promettent un taux élevé sont généralement aussi plus risquées. Ces obligations que les anglo-saxons appellent "High-Yield-Bonds" sont souvent qualifiés d’investissements spéculatifs par les agences de notation. |
Risque de défaut | Comme nous l’avons vu, une obligation est une forme de prêt. Il existe donc un risque de défaut de l’émetteur de l’obligation. Le risque de défaut ne s'arrête pas aux entreprises, les États eux aussi sont concernés, rappelez-vous de la Grèce. C’est ce risque de défaut que déterminent notamment les agences de notation. Avant d’investir dans une obligation, il faut donc nécessairement vérifier sa note : un taux d’intérêt élevé cache souvent un risque de défaut. |
Fluctuations des cours | Personne ne vous oblige à garder une obligation jusqu’à son échéance. Comme nous l’avons vu, une obligation se négocie à la bourse, et peut donc être vendue à tout moment. Attention cependant, les cours fluctuent et tu n'es pas sûr de récupérer ta mise. Le cours d’une obligation est notamment impacté par l’évolution des taux de marché. La duration - que nous avons expliquée plus haut - est un bon indicateur pour vérifier cette sensibilité. |
Risque lié aux taux de change | Les obligations achetées en devises autres que l’euro peuvent voir leur prix affecté par l’évolution des taux de change. Cette évolution peut s’avérer favorable ou non pour l’investisseur. Si tu ne veux pas consciemment prendre ce risque (ou cette opportunité) il est préférable d’investir dans des obligations en devise locale. |
Risque de liquidité | Lorsqu’une obligation (ou même un titre en général) ne s’échange pas beaucoup, on dit qu’elle est illiquide. Elle est alors difficile à vendre. Un titre d’une petite PME brésilienne par exemple est moins liquide qu’un titre Apple. |
Comment se faire une idée de ces différents risques ?
Pour réaliser le niveau de risque associé à une obligation, tu peux consulter les notes données par les agences de notation. La plupart des obligations sont notées par les agences de notation en fonction du risque de crédit de l’émetteur, i.e. sa capacité à payer les intérêts et rembourser le principal. Ces notations sont publiques et les investisseurs particuliers comme les professionnels les consultent avant d’investir.
Les agences les plus connues et les plus souvent utilisées sont Standard & Poor's, Moody's Investors Service et Fitch Ratings.
Comment comprendre les notes qu’elles attribuent ?
Standard & Poor's par exemple attribue aux États et entreprises des notes qui vont de AAA (correspond à la meilleure note de solvabilité - le risque de défaut est quasi nul) à D (D pour défaut désigne des obligations dont les entreprises ont déjà fait défaut).
On dit que les obligations notées plus que BBB sont "investment grade", ce qui signifie qu’il s’agit du type d’investissement le moins exposé à un risque de défaut. C’est globalement à partir d’une notation inférieure à BBB qu’on passe de la catégorie "investment" à la catégorie "speculative".
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Pourquoi avoir des obligations dans son portefeuille ?
- Permet de préserver le capital : contrairement aux actions, le capital investi dans une obligation est remboursé à échéance (sauf défaut) et lors d’une faillite les créanciers sont servis en priorité sur les actionnaires. Les obligations biens notées offrent donc une plus grande sécurité que les actions. Raison pour laquelle, les obligations sont très demandés par les investisseurs qui souhaitent sécuriser davantage une partie de leur capital.
- C’est, par définition, du «fixed income : la plupart des obligations paient à l'investisseur un revenu fixe (le coupon). À la différence du paiement de dividendes, le paiement des coupons d’une obligation est obligatoire tandis que le choix de distribuer des dividendes s’effectue à la discrétion de l’entreprise. Une obligation offre donc à l’investisseur plus de stabilité qu’une action.
- Permet de diversifier les investissements : inclure des obligations dans un portefeuille d'investissements permet de diversifier les classes d’actifs dans lesquelles on investit. Il est en effet important de diversifier non pas qu’à l’intérieur d’une classe d’actif mais aussi entre elles.
- Permet de lisser les risques dans un portefeuille : les obligations de qualité sont des investissements généralement peu risqués. Ils peuvent permettre de contrebalancer les risques dans un portefeuille avec d’autres investissements plus risqués, comme des actions par exemple.
Les différents types d’obligations
Selon l'émetteur
Différentes institutions sont susceptibles d'émettre des obligations :
Obligations d’État
Les obligations d’Etat représentent une large catégorie d’obligations qu’on appelle aussi la dette souveraine. L’émetteur, et donc le garant du remboursement, est le gouvernement d’un État. Les obligations d’État émises par les États-Unis sont appelées "Treasury Bonds", de la même façon qu’en France elles portent le nom de "Obligations Assimilables du Trésor" (OAT). Entrent également dans cette catégorie les obligations émises par des collectivités territoriales ou entreprises publiques. Les taux d’intérêts et les risques varient d’un émetteur à l’autre, comme pour toute autre obligation.
Obligations d’entreprise
Les obligations d'entreprises constituent la deuxième grande partie du marché des obligations. On distingue globalement deux catégories :
- les «investment" grade qui désignent les obligations d’entreprises bien notées.
- les obligations plus spéculatives qu’on appelle aussi «High-Yield-Bonds" (ou même «junk bonds" pour les plus risqués d'entre elles) qui eux désignent des obligations d’entreprises dont la solvabilité (et donc la note) est plus faible.
Puisque le risque de défaut est plus élevé pour des obligations spéculatives, elles ont généralement un coupon plus élevé pour rémunérer le risque pris par les investisseurs.
Selon le type de coupon
Les obligations "à taux fixe" sont les plus communes. Il existe cependant des exceptions :
- Obligations à taux variable, indexé sur un taux de référence (Euribor par exemple)
- Obligations zéro-coupon où aucun coupon n'est versé pendant la durée de l'emprunt.